
La forêt sacrée d’Awatsé est située dans la commune de Bas-Mono 1, à Afagnan, au Togo. Elle est reconnue pour sa valeur écologique, culturelle et spirituelle. Après des années d’existence, cette forêt qui autrefois renfermait plusieurs espèces végétales et faunique a perdu cette richesse.
La problématique de la recherche des terres cultivables, la faciliter de s’approvisionner en ressources fauniques et l’accès au bois de chauffe ont pris le dessus de la conservation.
Dans le but de redonner vie à cette richesse naturelles et restaurer les restes de la forêt qui abrite les cérémonies de la fête traditionnelle du milieu dénommée “Awatsèzan”, l’ONG Centre de Développement des Actions Communautaires (CDAC) a lancé en octobre 2024, le projet intitulé “Conservation et gestion durable de la forêt sacrée Awatsé dans le Bas-Mono“. Ce projet, qui bénéficie du soutien financier du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) à travers le projet de Renforcement de la Résilience au Changement Climatique des Communautés Côtières du Togo (R4C-Togo) a pour objectif de restaurer la dite forêt pour améliorer sa capacité écologique et accroître ses valeurs culturelles, touristiques, économiques et spirituelles.
CE QUE CACHE LA FETE AWATSEZAN !
La particularité de cette fête qui fait la pluie et le beau temps à Afagnan tire sa force de l’envoie de l’animal à immoler pour la cérémonie. A en croire les témoignanges, les ancêtres envoie l’animal à tuer pour la cérémonie. Cet animal sort de la forêt Awatsè et se dirige vers la cours royal ou chez le prêtre vodou. Depuis les éditions 39 et 40, les aïeux, selon les oracles, ont donné une biche et une perdrix pour la cérémonie.
Ce mystère, mis à part les oracles, tire sa force dans la présence d’une forêt dense, bien protégée sans abatage d’arbres. Jusqu’à nos jours, sauf un jugement sans fondement, l’on peut dire que les ancêtres avaient raison de se cacher dans les forêts. Et comme cette sanctuaire naturelle qui se situe à Matchalè est réduite à quelques arbres et des champs de plusieurs cultures, les aïeux sont réticents à l’envoie du gibier pour les cérémonies de cette fête. Ne serait-ce pas un message pour inviter les populations à prendre soin de leur demeure (la forêt). Plus d’animal envoyé, mais la fête continue.
ET SI C’ETAIT LE VŒUX DES ANCÊTRES ?
En cette année 2025, lors de la 49e édition de la traditionnelle fête, ils étaient encore nombreux en espérant l’arrivée d’un gibier pour les cérémonies. Ce qui n’a pas été le cas. Il faut donc agir autrement et changer les règles dans les comportements environnementaux. Les Togbui et Fétiches adorent la forêt.
Une forêt bien restaurée, reste un lieu où la biodiversité renait. La faune s’agrandit avec une régénérescence de la flore en disparition. C’est ainsi, qu’à l’exemple des forêts sacrées comme Godjé-godjin (Yoto) et Akissa (Lacs), les fétiches se situent dans des zones à interdictions de visite.
Il est donc clair qu’en restaurant cette forêt sacrée d’Awatsè, la capacité écologique, les valeurs culturelles, touristiques, économiques et spirituelles de cette forêt seront amélioré en contribuant ainsi à l’amélioration des conditions de vie des populations locales.

VERS UNE RESTAURATION DES VALEURS CULTUELLES NATURELLES !
Afin de redonner vie à l’existence de cette forêt, plusieurs actions antérieures de l’ONG CDAC ont été remarquées à l’instar du premier festival cultuel et culturel d’Afagnan qui a tenu toutes ses promesses le 20 mai 2017 sur l’esplanade du terrain du Ceg Afagnan Ville 1.
Aujourd’hui, avec une bonne gestion de cette forêt, ce festival peut renaitre de ses cendres. Ainsi, le 15 janvier 2025, un manuel de gestion de la forêt sacrée d’Awatsé a été validé lors d’un atelier à Afagnan. Ce document de 71 pages définit les programmes prioritaires pour la restauration et la conservation des écosystèmes locaux, avec un budget estimé à 108,6 millions FCFA. Il s’articule autour de quatre axes principaux : protection, restauration, développement communautaire et mobilisation des ressources.
Rappelons que la vision de cette action rapide est qu’à l’horizon 2035, cette forêt sacrée d’Awatsé renaisse de ses escarbilles. Car, conservée, elle va contribuer à l’accroissement de la couverture forestière nationale, alignée sur l’ambition du Togo atteindre 30 % de couverture forestière rechercher par le Togo d’ici 2050.