INTERVIEW / DINA AGBEWANOU : LE REFLET DE LA FEMME RURALE

Reconnue “Femme d’influence” lors de la soirée Women Night 2025 le 08 mars dernier à Lomé au coté de ses consœurs d’autres régions et de la sous région, Dina Agbewanou épouse Akpoto, coordinatrice nationale de l’ONG AVIP Togo, s’est confiée à la rédaction de votre site dans une interview exclusive.
Dans cet entretien, elle est revenue sur les moments forts de cette distinction, leur source d’inspiration et les défis que se lance son ONG pour les années à venir. Elle répond aux questions de Hervé Adjaho pour le compte de “Eplus Média”.
EPM : Que représente pour vous cette distinction “Femme d’influence” qui vous a été décernée lors de la Women Night 2025 ?
DINA A. : Cette distinction est pour moi, une réponse divine, une lueur d’espoir après dix années de résilience pour l’épanouissement des femmes. C’est également un coup de pousse qui nous encourage à en faire davantage.
Comment avez-vous accueilli cette reconnaissance ?
J’étais tellement émue lorsque j’ai été appelée en mi-janvier que je fais partie des femmes proposées pour la distinction. Et il fallait envoyer des documents pour soutenir notre dossier. Et le 31 janvier, je reçois un appel et on m’annonce : vous êtes la lauréate Mme Dina . J’étais abasourdie.
Pensez-vous que ce prix reflète les défis et les réussites des femmes engagées dans le développement social au Togo ?
Sisi, c’est un prix régional, et c’est un honneur de recevoir un prix aux cotés des sénatrices, des professeures titulaires, des femmes ministres du Togo et d’Afrique. C’est une reconnaissance de nos efforts. On ne peut que dire merci !
Après votre distinction, et dans le cadre de votre projet PPDE de CARE/Bénin Togo, vous avez organisé une rencontre de discussion avec les femmes de la Commune Vo1 et Vo4 pour le compte de la journée internationale de la femme. Parlez-nous-en !
Le 27 mars dernier, nous avions organisé en différée la journée internationale de la femme à Vogan avec les femmes des communes de Vo4 et Vo1. Parce que grâce à ces femmes, nous avions eu ce prix, il est donc important que nous revenions auprès d’elles pour le célébrer ensemble.
Alors que savoir du projet PPDE ?
Le projet PPDE, c’est un projet de protection des droits à l’égalité pour les femmes, Avip-Togo a eu un soutien de Care Bénin/Togo pour un sous projet dénommé “Projet d’accompagnement des femmes rurales dans les communes Vo4 et Vo1 pour l’accès aux instances de prises de décisions“. Donc sur ce projet, durant une année et depuis février 2024, nous avions eu à travailler avec 150 femmes à savoir 30 par groupements dans 5 villages. Nous les avons formés sur leurs droits et devoirs, le leadership, sur les questions des VBG. Également, un dialogue communautaire a été organisé avec ces femmes et les autorités administratives, traditionnelles et religieuses sur les goulots d’étranglement qui minent la participation de la femme aux instances de prises de décisions. A l’issue de ce dialogue, des recommandations étaient émises et ont servi à l’élaboration d’un document de plaidoyer. Ledit document a été validé en atelier, finalisé et partagé aux autorités. Le projet a été clôturé le 31 janvier 2025 ; mais Care Bénin/Togo nous a accordé un appui institutionnel afin de célébrer la journée internationale avec les femmes.

Quels défis avez-vous rencontrés dans la mise en œuvre de ces initiatives ?
Les défis pour ce projet sont énormes parce qu’il est question de la participation des femmes aux instances de prises de décisions et comme dans toutes autres localités du pays où les femmes sont reléguées au second plan, c’est un peu difficile de faire entendre aux hommes et leaders l’ascension des femmes. Mais nous avons eu recours aux stratégies pour expliquer l’importance de la place des femmes dans les instances de prises de décisions, par exemple sa place dans la chefferie (être notable), participer aux jugements car elle aura son mot à dire pour le bien de tous. Le cas où les femmes peuvent être présidentes dans les bureaux des CVD et CDQ. Nous sommes sur les échanges et les chefs nous promettent des réponses positives.
Après cette distinction, quelles sont les prochaines étapes et quel message aimeriez-vous adresser aux femmes ?
Après cette distinction, nous allons œuvrer davantage, continuer de nous battre et surtout rechercher des financements pour des projets à impacts plus significatifs et à plus grande échelle.
Aux femmes, je les invite à se battre, d’oser prendre le lead, surtout de bien faire ce qu’elles font.
Interview réalisée par Hervé K. Adjaho