BENIN : LA FORET DE SERI ENTRE ENFIN DANS LA GRANDE FAMILLE DU PARC NATIONAL DE LA PENDJARI
Après des années de dégradation silencieuse, la forêt de Séri va désormais bénéficier d’une protection renforcée. Réuni en Conseil des ministres ce mercredi 29 octobre 2025, le gouvernement béninois a acté son intégration complète au Parc national de la Pendjari.

Une décision attendue depuis longtemps par les défenseurs de la nature, qui y voient un geste fort pour la sauvegarde du patrimoine écologique du nord du pays.
Pendant près de trois décennies, la forêt de Séri a vu son visage se transformer. Là où s’étendaient autrefois de vastes étendues boisées, des champs se sont installés, des tronçonneuses ont retenti, et le braconnage a pris racine. Peu à peu, cette zone riche en faune et en flore a perdu plus de la moitié de sa superficie : 1 250 km² en 1996 contre 553,8 km² en 2019.
Cette érosion du couvert forestier n’est pas sans conséquence. Elle met en péril l’équilibre écologique du complexe Pendjari, dont dépend une grande partie de la biodiversité du nord-ouest béninois, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Malgré les atteintes, la forêt de Séri conserve une vitalité précieuse. Ses clairières et ses savanes abritent encore des éléphants majestueux, des buffles, des damalisques ou encore des bubales. On y croise parfois des troupeaux en migration, preuve que la zone reste un passage vital pour les espèces sauvages de la région.
« Séri est un écosystème singulier, une sorte de prolongement naturel de la Pendjari », révèle les discussions du conseil des ministres.
Son intégration au parc vient donc compléter la ceinture écologique qui protège le nord du pays et redonner de l’espoir aux acteurs locaux de la conservation.
L’implication des communautés
Cette décision n’est pas tombée du jour au lendemain. Depuis 2018, un processus participatif a été mené sur le terrain avec les populations riveraines, les autorités locales et les organisations de conservation. L’objectif poursuivi est de bâtir une approche partagée, où la protection de la nature ne se fait pas au détriment des besoins humains.
Ainsi, lors des travaux du conseil des ministres du 29 octobre dernier, le gouvernement, après avoir pris en compte l’adhésion des communautés et des autorités locales, a décidé d’intégrer la forêt de Séri au complexe de la Pendjari afin d’assurer sa préservation et sa gestion durable.
Avec cette intégration, la Pendjari s’agrandit et se renforce. Elle devient un espace plus cohérent, mieux protégé, et plus propice à la vie sauvage. Mais au-delà des chiffres et des cartes, cette décision symbolise une nouvelle manière de penser la nature, une nature qui se protège avec les populations, et non contre elles.
C’est pourquoi, en réunissant la forêt de Séri et la Pendjari sous une même gestion, le Bénin confirme que la biodiversité est un héritage commun à préserver pour de nouvelles perspectives à savoir l’écotourisme, l’emploi vert et l’éducation environnementale qui vont permettre aux communautés locales de tirer profit d’une nature préservée.
